Agir avec prudence
L’année 2023 a été marquée par la persistance de fortes incertitudes économiques et géopolitiques. Avec, notamment, le retour des grands conflits géopolitiques : guerre en Ukraine, conflit israélo-palestinien, tensions à Taïwan ou en Corée, etc. L’accélération de l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et la montée des sinistres climatiques ont également caractérisé l’année. Et malgré la bonne tenue des marchés boursiers, les institutions régulatrices et les acteurs majeurs du secteur bancaire tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme sur un risque de récession globalisée et de crise financière de grande ampleur.
Une nouvelle donne réglementaire et prudentielle pour l’assurance
Dans ce contexte mouvant, le secteur de l’assurance conjugue prudence et transparence accrue. Depuis le 1er janvier 2023, la norme comptable révisée IFRS 17 appliquée au secteur de l’assurance harmonise l’évaluation des contrats d’assurance entre pays, et rend plus transparente leur présentation comptable. En pratique, il est demandé aux assureurs de passer d’une comptabilité « historique », constatant année après année la valeur générée par les contrats en cours, à une comptabilité « prospective », anticipant dès la signature le profit à venir sur la durée du contrat puis en l’actualisant au réel, année après année. Le but est de rendre compte de la performance d’un contrat de façon plus fidèle dans le temps. Et d’ici fin 2024, les entreprises devront publier un reporting de responsabilité durable conforme aux exigences de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Cela les conduira, notamment, à prendre en compte toutes les émissions de carbone : les émissions directes (scope 1) liées à leurs équipements et leurs installations, les émissions liées à la production des énergies utilisées (scope 2), mais aussi les émissions produites par les tiers impliqués dans la création de valeur dont la distribution, la gestion des sinistres, la gestion d’actifs, etc. (scope 3).
L’inflation n’a pas dissuadé les Français de remplir leur bas de laine
Le contexte économique et géopolitique mondial impacte directement la société française. Inquiétude face au risque d’importation des conflits du Moyen-Orient sur le territoire, fortes attentes de régulation des politiques migratoires, préoccupations liées au pouvoir d’achat et à la retraite conduisent les Français à privilégier la prudence et, malgré l’inflation, l’épargne de précaution. Le taux d’épargne des ménages a grimpé à près de 19 % des revenus disponibles au deuxième trimestre 2023, alors qu’il se situait habituellement autour de 15 %, ces dernières années. Les plans d’épargne retraite individuels et collectifs séduisent, ainsi que le Livret A et le Livret de Développement Durable, boostés par la remontée des taux.
Sur l’année1, les cotisations en assurance vie ont progressé de + 6 %, conduisant la collecte nette à être positive de + 3,4 Md€, malgré une collecte négative pour les supports en euros (− 25,4 Md€), qui ont subi la concurrence du Livret A.
Repères
58 %2 des Français estiment s’y connaître assez mal ou très mal dans les différents produits d’épargne.
En conséquence, 68 % des épargnants se tournent vers des produits sans risque malgré leur faible rendement3 (vs 10 % vers des produits plus responsables, et 5 % vers des produits risqués).
1 Chiffres novembre 2023, source France Assureurs.
2 Source : Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement 2023.
3 Ifop-Altaprofits : Baromètre 2023 de l’épargne en France et en régions.